L'arrivée à Saint-Denis
Les bretons ont commencé d'arriver à Saint-Denis
autour de 1890 pour travailler dans les usines, qui venaient de s'implanter à la Plaine et à Pleyel. Ils arrivaient presque tous des cantons bretonnants des Côtes-du-Nord (arrondissements de Guingamp, Lannion et Loudéac). En 1891, 45 électeurs dionysiens sont nés à Plougonver (canton de Belle-Isle-en-Terre). Le département des Côtes-du-Nord a envoyé 2 217 de ses habitants à Saint-Denis (recensement de 1891).
Arrivée à saint-Denis, au début du XXème siècle d'un convoi de bretons venant travailler à la verrerie de La Plaine
Ce sont des hommes jeunes, pauvres, sans qualification professionnelle (plus de 60% sont des journaliers) ; ils envoient chez eux une grosse partie de leur salaire, ils se regroupent. Au point qu'il a pu être dit, parfois, qu'ils "colonisaient certaines rues" : rue Catulienne, de la Charonnerie, rue Jeannot (actuellement Gaston Philippe), boulevard de Châteaudun (actuel boulevard Jules Guesde), rue Suger, rue du Chemin de fer (actuelle rue Auguste Delaune), et même certains quartiers : Pleyel.
Au début, ils auront du mal à s'intégrer à la vie dionysienne et au mouvement ouvrier. Encore influencés par l'église catholique, à cette époque soutien important de la droite, ils continueront d'apporter leurs votes aux plus réactionnaires des hommes politiques locaux.
Ils écoutent d'ailleurs les prêches en breton qui les y incitent, ils parlent encore breton d'autant qu'ils espèrent retourner bientôt en Bretagne.
Pourtant peu le feront, ballotés entre l'usine invivable, l'habitat insalubre ; ils échouent quelquefois dans un hospice, plus souvent qu'ils ne se retrouvent à la gare Montparnasse.
Ceux qui restent ou qui continuent d'arriver, en moins grand nombre, commencent peu à peu à s'intégrer, singulièrement grâce à l'influence croissante du groupe socialiste breton de Saint-Denis animé par Jean Tremel dès 1898. Et en 1912 leur vote est déterminant dans l'installation des socialistes à l'Hôtel de Ville.
L'histoire des bretons à Saint-Denis s'intègre ensuite dans le mouvement ouvrier local tout en maintenant une solidarité particulière d'où naîtra bientôt l'Amicale des bretons de Saint-Denis.
Pierre Douzenel - Centre culturel communal - 1983
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